L'ATTENTION SPONTANEE

 

"Une difficulté plus grande, c'est de savoir où l'attention commence et où elle finit ; car elle comporte tous les degrés depuis l'instant fugitif accordé à une mouche qui bourdonne jusqu'à l'état de complète absorption. Il sera conforme aux règle d'une bonne méthode de n'étudier que les cas bien francs, typiques, c'est à dire ceux qui présentent l'un au moins de ces deux caractères : l'intensité, la durée. Quand les deux coïncident, l'attention est à son maximum. La durée seule arrive au même résultat par accumulation : quand, par exemple, à la lumière de plusieurs étincelles électriques on déchiffre un mot ou une figure. L'intensité toute seule est aussi efficace : ainsi une femme, en un clin d'oeil, voit la toilette entière d'une rivale...."

"Il y deux formes bien distinctes d'attention ; l'une spontanée ; naturelle ; l'autre volontaire, artificielle.

La première, négligée par la plupart des psychologues, est la forme véritable, primitive, fondamentale, de l'attention. La seconde, seule étudiée par la plupart des psychologues, n'est qu'une imitation, un résultat de l'éducation, du dressage, de l'entraînement. Précaire et vacillante par nature, elle tire toute sa substance de l'attention spontanée, en elle seule elle trouve un point d'appui. Elle n'est qu'un appareil de perfectionnement et un produit de la civilisation.

L'attention, sous ses deux formes, n'est pas une activité indéterminée, ...Son mécanisme est essentiellement moteur, c'est à dire qu'elle agit toujours sur des muscles et par des muscles, principalement sous la forme d'un arrêt ; et l'on pourrait choisir comme épigraphe de cette étude la phrase de Maudsley : "Celui qui est incapable de gouverner ses muscles est incapable d'attention." L'attention sous ses deux formes, est un état exceptionnel, anormal, qui ne peut durer longtemps parce qu'il est en contradiction avec la condition fondamentale de la vie psychique : la changement...."

"L'attention consiste en un état intellectuel, exclusif ou prédominant, avec adaptation spontanée ou artificielle de l'individu...."

"L'homme, comme l'animal, ne prête spontanément son attention qu'à ce qui le touche, à ce qui l'intéresse, à ce qui produit en lui un état agréable, désagréable ou mixte..."

"La nature de l'attention spontanée chez une personne révèle son caractère ou tout du moins ses tendances fondamentales. Elle nous apprend si c'est un esprit frivole, banal, borné, ouvert ou profond. La portière prête spontanément toute son attention aux commérages ; le peintre, à un beau coucher de soleil où le paysan ne voit que l'approche de la nuit, le géologue, aux pierres qu'il rencontre où le profane ne voit que des cailloux..."

"l'attention spontanée, sans un état affectif antérieur, serait un effet sans cause, .. Un homme ou un animal incapable, par hypothèse, d'éprouver du plaisir ou de la peine, serait incapable d'attention... Ce n'est pas l'intensité seule qui agit, mais avant tout notre adaptation, c'est à dire nos tendances contrariées ou satisfaites. L'intensité n'est qu'un élément, souvent le moindre. Aussi qu'on remarque combien l'attention spontanée est naturelle , sans effort. Le badaud qui flâne dans la rue, reste béant devant un cortège ou une mascarade qui passe, imperturbable tant que dure le défilé. Si à ce moment, l'effort apparaît, c'est un signe que l'attention change de nature, qu'elle devient volontaire, artificielle. ..."

"Les grandes attention sont toujours causées et soutenues par de grandes passions."

"Des recherches psychologiques dont nous parlerons plus tard montrent que l'attention est soumise à la loi du rythme..."

"Maudsley et Lewes ont assimilé l'attention à un réflexe ; il serait plus juste de dire une série de réflexes. Une excitation physique produit un mouvement. De même, une stimulation venant de l'objet produit une adaptation incessamment répétée..."

"Notons ici un fait important dans le mécanisme de l'attention. Cette intermittence réelle dans une continuité apparente rend seule possible une longue attention. Si nous tenons un de nos yeux fixé sur un point unique, au bout de quelque temps la vision devient confuse,...Si nous posons notre main à plat, immobile, sur une table, sans appuyer (car la pression est un mouvement), peu à peu la sensation s'émousse et finit par disparaître. C'est qu'il n'y a pas de perception sans mouvement, si faible qu'il soit. Tout organe sensitif est à la fois sensitif et moteur...Ces faits bien connus, d'une expérience vulgaire, nous font comprendre la nécessité de ces intermittences dans l'attention, souvent imperceptibles à la conscience, parce qu'elles sont très courtes et d'un ordre très délicat...."

"La réflexion s'exprime d'une autre manière presque inverse. Elle agit sur l'orbiculaire supérieur des paupières, abaisse le sourcil. Par suite, il se forme des petits plis verticaux dams l'espace inter sourcilier. l'oeil est voilé ou tout à fait fermé ou bien il regarde intérieurement. Ce froncement des sourcils donne à la physionomie une expression d'énergie intellectuelle. La bouche est fermée, comme pour soutenir un effort. L'attention s'adapte au dehors, la réflexion au

dedans. Darwin explique le mode expressif de la réflexion par l'analogie. C'est l'attitude de la vision difficile, transférée des objets extérieurs aux événements intérieurs qui se laissent saisir malaisément. Nous n'avons parlé jusqu'ici que des mouvements de la face, mais il y a ceux du corps tout entier : de la tête, du tronc, des membres. Il est impossible de les décrire en détail, parce qu'ils varient avec chaque espèce animale. Il y a, en général, immobilité, adaptation des yeux, des oreilles, du toucher, suivant les cas : en un mot, tendance vers l'unité d'action, convergence. La concentration de la conscience et celle des mouvements, la diffusion des idées et celle des mouvements vont de pair. Rappelons les remarques et les calculs de Galton à ce sujet. Il a observé un auditoire de cinquante personnes assistant à un cours ennuyeux. Le nombre des mouvements nettement appréciables de l'auditoire était très uniforme : quarante-cinq par minute, soit, en moyenne, un mouvement par personne. A plusieurs reprises, l' attention du public ayant été réveillée, le nombre des mouvements diminua de moitié; ils étaient, en outre, moins étendus, moins prolongés, plus brefs et plus rapides.

Je préviens, en passant, une objection. Chacun sait que l' attention, au moins sous sa forme réfléchie, s'accompagne quelquefois de mouvements. Beaucoup de gens trouvent que la marche les aide à sortir d'une perplexité, d'autres se frappent le front, se grattent la tête, se frottent les yeux, remuent d'une façon incessante et rythmique les bras ou les jambes. C'est là une dépense, non une économie de mouvements; mais c' est une dépense qui profite. Les mouvements ainsi produits ne sont pas de simples phénomènes mécaniques agissant sur le milieu extérieur, ils agissent aussi, par le sens musculaire, sur le cerveau qui les reçoit comme toute autre impression sensorielle et ils augmentent l'activité cérébrale. Une marche rapide, une course accélèrent le cours des idées et de la parole; elles produisent, comme dit Bain, une ivresse mécanique. Les recherches expérimentales de M. Féré, que nous ne pouvons rapporter ici, nous fournissent de nombreux exemples de l' action dynamogénique des mouvements. Nous étirons nos bras et nos jambes pour nous mettre en train de travailler, c' est-à-dire que nous réveillons les centres moteurs. Des mouvements passifs imprimés à des membres paralysés ont pu, dans certains cas, en ravivant les images motrices, restituer l' activité perdue. Remarquons d'ailleurs que ces mouvements ont pour résultat d' augmenter l' activité mentale, non de concentrer l'attention ; ils lui fournissent simplement une matière. C'est une opération préliminaire.

Cette objection écartée, nous avons maintenant à déterminer le véritable rôle des mouvements dans l'attention. Nous nous sommes bornés jusqu'ici à les décrire, du moins les principaux. Ramenons la question à ses termes les plus clairs et les plus simples :

Les mouvements de la face, du corps, des membres, et les modifications respiratoires qui accompagnent l'attention sont-ils simplement, comme on l'admet d'ordinaire, des effets, des signes ? Sont-ils, au contraire, les conditions nécessaires, les éléments constitutifs, les facteurs indispensables de l'attention ? Nous admettons cette seconde thèse, sans hésiter. Si l' on supprimait totalement les mouvements, on supprimerait totalement l' attention. Quoique, pour le moment, nous ne puissions établir cette thèse qu'en partie (l'étude de l'attention volontaire, réservée pour un autre chapitre, nous la fera voir sous un nouvel aspect), comme nous touchons ici au point essentiel du mécanisme de l' attention , il convient d'insister. Le rôle fondamental des mouvements dans l'attention consiste à maintenir l'état de conscience et à le renforcer. Puisqu'il s'agit d'un mécanisme, il est préférable de prendre la question par son coté physiologique, eu considérant ce qui se passe dans le cerveau, au double titre d'organe intellectuel et d'organe moteur. .."

L’EVALUATION

MEMOIRE ET APPRENTISSAGES SCOLAIRES

Extraits tirés du livre "PSYCHOLOGIE DE L'ATTENTION" de Th. RIBOT 1916


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